"On m'a trop souvent dit qu'un hymne national faisait partie de notre culture,
de notre histoire et qu'il n'était pas possible de le changer. Je m'inscris en faux contre cette idée. Plusieurs ont été modifiés et notamment les hymnes soviétiques et chinois avec de nouvelles
paroles. Les aspects belliqueux en ont été gommés. C'est la preuve que de grandes puissances orgueilleuses qui évoluent très lentement et qui ne se corrigent pas volontiers ont changé leur hymne.
Pourquoi ne pourrions-nous pas le faire ? [...]
Aujourd'hui je ne la chante pas [...] depuis que j'ai pris conscience de cette introduction dans les esprits d'une notion raciste, je ne peux absolument plus. [...]
Enlevons le mot impur de sang impur. [...]
Nous ne pouvons pas entretenir le culte de la pureté du sang après avoir vécu ce que nous avons vécu en France. Cette idée que nous pourrions avoir un sang pur et que celui des autres serait
impur est tout à fait inacceptable. C'est du racisme. On nous fait chanter et célébrer du racisme. [...]
Des parents d'élèves ou des associations de parents pourraient fort bien attaquer en justice l'Etat ou ses instituteurs en argumentant qu'ils inculquent, à leurs enfants, depuis la petite école,
une notion raciste d'impureté du sang."
Graeme ALLWRIGHT, chanteur et auteur de chansons
" Je me suis toujours demandé comment les français peuvent continuer à chanter, comme chant National, un chant de guerre, avec des paroles belliqueuses, sanguinaires et racistes.
En regardant à la télé des petits enfants obligés d'apprendre ces paroles épouvantables, j'ai été profondément peiné, et j'ai décidé d'essayer de faire une autre version de La Marseillaise.
Le jour où les politiques décideront de changer les paroles de La Marseillaise, ce sera un grand jour pour la France."
Charles AZNAVOUR, chanteur et auteur de chansons
" Pour ma part, je garderais, en les remaniant, le premier et le dernier couplet, et je brûlerais le reste. Une Marseillaise humanisée serait plus à l’image de la France et des Français. "
Pierre BERGE, président des opéras de Paris, président-directeur général d’Yves Saint-Laurent.
" Dans mon enfance, mes parents m’interdisaient de chanter la Marseillaise. Ils trouvaient les paroles scandaleuses. J’ai toujours partagé ce point de vue et je n’ai jamais pu me résoudre à les
prononcer.
Il est plus qu'urgent de changer tout cela. A l'époque de l'Europe, ces changements s'imposent, et le plus tôt sera le mieux. "
Dounia BOUZAR, écrivain, ancien membre du CFCM.
je suis tout à fait d'accord (avec le P Ceyrac ci-dessous). Les jeunes disent que d'ailleurs ils seront considérés comme des citoyens comme les autres quand ils pourront justement revendiquer le
changement de ces paroles. (dans Culture et dépendances du 3 nov 2004, à la question : "Qu'un sang impur abreuve nos sillons !" Pensez-vous qu'il faut garder ce vers ?")
Georges BRASSENS, chanteur et auteur de chansons
" La Marseillaise ? Non ! La musique n'est pas mal, mais les paroles sont très discutables, sur le rapport de la qualité !" (émission TV)
Père CEYRAC, missionnaire en Inde
: J'aime beaucoup la Marseillaise mais je crois qu'il faudrait corriger cette phrase-là, oui. On ne peut plus dans un monde qui (?) mettre des choses comme ça. (dans Culture et dépendances du 3
nov 2004, à la question : "Qu'un sang impur abreuve nos sillons !" Pensez-vous qu'il faut garder ce vers ?")
Jacques CHABAN-DELMAS, ancien Premier ministre, Compagnon de la Libération.
" Ayant appris au moins le refrain, et, sans doute, un ou deux couplets de la Marseillaise dans ma prime enfance, ayant été élevé dans la vénération de la France, la Marseillaise est pour moi un
chant émouvant, entraînant et infiniment précieux.
Heureusement qu'il n'est pas question de changer la musique ; et je ne pense pas qu'il soit absolument nécessaire d'adapter les paroles à notre époque : le présent s'explique par le passé, et
c'est le présent qui doit éclairer l'avenir "
Bernard CLAVEL, de l’Académie Goncourt.
" Il est certain que si l'on se donne la peine de lire le texte complet de la Marseillaise, on a peine à en croire ses yeux. Mais je ne pense pas :
1) que qui que ce soit puisse en proposer un que nous trouvions acceptable. Tout ce que j'ai vu dans ce domaine ne vaut pas trois sous ;
2) que, même si un poète pacifiste de génie se présentait, son œuvre puisse être acceptée par un peuple qui ne rêve que de cocardes et par des hommes politiques qui ne pensent qu'à vendre des
armes.
Je crois très sincèrement que ce combat qui vous honore est perdu d'avance. "
Pierre DESPROGES, humoriste
« Démilitariser les hymnes nationaux, ça c’est une bonne idée. Il est tout à fait inouï de constater que, dans les pays du monde où ce sont les civils qui font le pain, les maisons, les
outils et les chansons, les fêtes nationales et leurs hymnes glorieux sont, au mieux, des apologies de l’engeance kaki parasitaire ou, au pire, des appels hurleurs au meurtre guerrier. Si les
ministères concernés m’avaient fait l’honneur de solliciter mon avis, quant aux paroles de La
Marseillaise, j’eusse depuis longtemps déploré que les soldats y mugissent et préconisé vivement que les objecteurs y
roucoulassent, que les bergères y fredonnassent et que les troubadours s’y complussent. »
Solange FERNEX, député des Verts au Parlement européen.
" Alsacienne, je suis l'arrière-petite-fille du maire de Strasbourg, de Dietrich, Girondin, dans le salon duquel la Marseillaise fut chantée pour la première fois. Pauvre aïeul, lui qui chanta
plein d'enthousiasme le nouvel hymne révolutionnaire, et qui, dix mois plus tard, mourut égorgé, non point par de "féroces soldats au sang impur", mais au cœur de Paris, en place de Grève, sous
la guillotine d'Euloge Schneider et de Fouquier-Tinville...
Par ailleurs, je suis orpheline de guerre. J'ai été accompagnée dans mon enfance par une grand-mère qui avait perdu deux fils sous l'uniforme allemand, et le dernier, mon père, sous l'uniforme
français. Ayant réalisé très jeune le clinquant glacé de la "gloire" et l'incapacité des médailles, Croix de Fer ou Légion d'Honneur, à remplacer auprès d'un enfant un père de chair et de sang,
je refusais l'image de "sang impur" qui devait "abreuver nos sillons". Quel sang ? Celui des frères déchirés, enfants d'une même mère, d'une même terre ! Combats fratricides ! Cain contre Abel !
... "
Michèle GENDREAU-MASSALOUX, ancien porte-parole de la Présidence de la République, recteur de l'Académie, Chancelier des Universités de Paris.
" La Marseillaise avec ses paroles historiques, appartient à la mémoire des Français, à leur patrimoine, comme les monuments anciens, châteaux, les palais, les églises, les maisons de simples
citoyens. Et la mémoire doit être préservée.
Mais son message, marqué par son époque, ne correspond pas à notre idéal de solidarité et de paix. C'est pourquoi je pense que l'idée n'est pas mauvaise d'écrire d'autres paroles qui expriment le
meilleur des valeurs de notre pays dans le monde d'aujourd'hui. Une Marseillaise de notre temps. Une sorte de Marseillaise bis. Elle pourrait être mise dans des circonstances comme une fête
européenne de la jeunesse, une exposition universelle, une réunion internationale. A l'école, les jeunes pourraient apprendre et comparer les deux versions. Pour obtenir un texte de valeur, un
concours serait ouvert aux créateurs, et à tous les citoyens.
Françoise GIROUD, journaliste et écrivain.
" J'adore la Marseillaise. C'est peut-être le plus beau des hymnes nationaux, parce qu'il est vif et tendu, au lieu d'être solennel. Je trouve qu'il va bien à la France.
Les paroles sont évidemment affligeantes. Mais cela aurait-il un sens de les changer ? Personne ne les connaît, en dehors du premier couplet et du refrain.
Néanmoins, si changement il y avait, je m'en consolerais ! Mais de tels changements doivent être faits avec précaution. Les deux premiers vers, en particulier, sont intangibles. "
Valéry GISCARD D'ESTAING : "Les paroles sont d'un ridicule ! Nicolas Sarkozy et Angela Merkel sont sous l'Arc de triomphe, et on est en train d'abreuver nos sillons d'un sang impur!"
Martin GRAY, ancien combattant du ghetto de Varsovie et déporté à Treblinka. Ecrivain.
" Il m'est évidemment impossible de trouver exaltant le texte de la Marseillaise, alors que cet hymne n'est qu'un chant d'exaltation guerrière, créé en vue de galvaniser une population aux abois.
Les paroles ne correspondent absolument plus au contexte de notre époque. Leur violence est d'ailleurs en parfaite opposition avec l'esprit généreux de la nation française d'aujourd'hui.
Je souhaite donc que ce texte soit changé. Il devrait refléter, non plus la haine d'un conflit ponctuel, mais l'espoir d'une immortelle harmonie, comme un flambeau de lumière que porteraient les
prochaines générations. "
Benoîte GROULT, romancière.
" Ce que je pense de la Marseillaise ? J'en apprécie beaucoup la musique. Certaines strophes, il est vrai, sont inacceptables et ridicules. Mais notre hymne national étant trop long, on pourrait
se contenter de la première strophe (en remaniant les trois derniers versets : ceux de l'égorgement) et des deux dernières, qui sont lyriques, comme doit l'être un chant patriotique. Les enfants
l'apprendraient plus facilement. Mais il faut se méfier des remakes. On a tué la magie de bien des cantiques en renonçant au latin, en les transcrivant en français moyen. Comment d'ailleurs
modifier les paroles ? Il faudrait ressusciter Victor Hugo ou Claudel. "
François-Régis HUTIN, Président-directeur généraI de Ouest-France.
" Oui, il serait très opportun de changer les paroles de la Marseillaise, notamment pour tout ce qui appelle à l'extermination de l’ennemi ou à la vengeance. Toutefois, il me semble qu'il nous
faudrait conserver au moins les deux premiers vers du premier couplet, car ils sont ancrés dans la mémoire de tous.
Il sera sans doute bien difficile de trouver un texte qui allie enthousiasme, élévation de pensée, et soit susceptible de rassembler le plus grand nombre. Je vous souhaite bonne chance, en tout
cas. "
Dominique JAMET, directeur de la Grande Bibliothèque de France.
" Anachronique, pompeux et belliciste, le chant qui symbolise la France ne parle, en termes devenus incompréhensibles pour le grand public, que de couper un maximum de cous ou de percer le
maximum de ventres au maximum de traîtres, de princes, de perfides, de traîtres conjurés et de complices de Bouillé. Est-ce bien raisonnable, est-ce bien sympathique, est-ce bien conforme à
l'image d'elle-même que veut et doit donner la France ? Enfants de la patrie que nous sommes, et fiers de l'être, est-il indispensable que nous mettions encore la baïonnette au canon pour aller
aux chants dont un sang impur abreuve les microsillons? Faire sa toilette à la Marseillaise s'impose. "
Jean JAURES, « Marseillaise et Internationale », La Petite République socialiste, 30 août 1903
«Je dis que La Marseillaise, la grande Marseillaise de 1792, est toute
pleine des idées qu'on dénonce le plus violemment dans L'Internationale. Que signifie, je vous prie, le fameux refrain du "sang impur" ? — "Qu'un
sang impur abreuve nos sillons !", l'expression est atroce. C'est l'écho d'une parole bien étourdiment cruelle deBarnave. On sait qu'à propos de quelques aristocrates massacrés par le peuple, il s'écria : "Après tout,
le sang qui coule est-il donc si pur ?" Propos abominable, car dès que les partis commencent à dire que le sang est impur qui coule dans les veines de leurs adversaires, ils se mettent à le
répandre à flots et les révolutions deviennent des boucheries. Mais de quel droit la Révolution flétrissait-elle de ce mot avilissant et barbare tous les peuples, tous les hommes qui combattaient
contre elle ? »
François LEOTARD, député, président honoraire du Parti Républicain, ancien ministre de la Culture.
" Je ne méconnais pas la noblesse des buts de votre association. Je n'ignore pas non plus comment certaines formules farouches de la Marseillaise peuvent choquer l'esprit du temps. Pourtant, je
ne souhaite pas que l'on change la moindre formule, fusse une virgule, à notre hymne. Pour moi, la Marseillaise est une sorte de monument historique. Toute restauration ne peut se faire qu'à
l'identique. S'il y a transformation, c'est du Viollet-LeDuc, et rares sont les monuments qui y survivent.
Il ne me déplaît pas, par ailleurs, que ce chant, dans ses vers abrupts, nous rappelle combien la frontière est fragile entre la recherche de la liberté et le basculement dans la violence. La
révolution est un bloc ; elle a été violence et elle a été liberté. Une "actualisation" des paroles de la Marseillaise gommerait l'histoire. Faut-il réécrire Shakespeare parce que ses pièces
contiennent des notations antisémites? Faut-il se priver des interprétations de Karajan puisqu'il dirigea devant Hitler? Je préfère ne pas entrer dans un engrenage orwellien.
Il y a peut-être lieu de trouver un nouvel hymne pour notre époque, mais alors, que ce soit quelque chose d'entièrement nouveau, paroles et musique, et non quelque raccommodage.
"
Bernard-Henry LEVY, L'Express, le 10/01/2005
Je déteste le nationalisme. Je crois, au plus profond de moi, que la construction européenne doit nous débarrasser de ce mixte bizarre de maurrassisme et de jacobinisme qui fait le fond de sauce
de notre religion patriote. Je trouve que La Marseillaise, par exemple, est un chant détestable et grotesque.
Jeannie LONGO, championne cycliste :
" En fait, je connais très mal les paroles de la Marseillaise (comme beaucoup!). Elles me semblent toutefois trop violentes et guerrières. Je souhaiterais qu'elles reflètent davantage le sens de
l'honneur, la fierté dans la grandeur de l'action pour la patrie. C'est ce que je ressens sur le podium. "
Danielle MITTERRAND, présidente-fondatrice de France-Libertés.
" Il est vrai que les paroles de notre hymne national sont très guerrières et qu'elles peuvent choquer les esprits pacifiques, parmi lesquelles je me compte.
Il est vrai aussi qu'il fait partie de notre histoire et fut composé à une époque ou les Français devaient défendre nos frontières. Qui aurait pu penser à l'Europe en ce temps-la...
Je ne rédigerai pas de texte, car je ne peux argumenter à la fois le pour et le contre. "
Théodore MONOD, membre de l'Académie des Sciences, dans le Monde (1975 et 77) :
« Notre fête nationale va(...) nous régaler de défilés militaires et de ces flonflons guerriers dont Einstein disait : « Celui
qui est capable de marcher derrière une musique militaire n'a pas besoin d'un cerveau : une moelle épinière lui suffit. ».
Elle va [aussi] nous gratifier d'une surabondante ration de Marseillaise, en nous obligeant à reconnaître, voire, pour beaucoup, à découvrir que la France, la France pacifique, lumière des nations, flambeau des peuples, avant-garde de la fraternité
universelle, la France ceci, la France cela, n'a pas de chant plus officiel et plus sacré qu'un appel aux armes, aggravé d'un refrain sanguinaire et raciste.
Personne ne s'en émeut, personne même (circonstance atténuante ?) ne s'en aperçoit. Et pourtant, l'évidence crèverait les yeux d'un enfant, car accepter qu'il existe des sangs
«impurs», et qu'il importe d'en «abreuver»la terre, c'est tout de même un peu
gros pour ne pas être remarqué, non?
Je sais bien - et c'est la réponse habituelle à notre émotion - qu'on chante sans comprendre et en tous les cas sans réfléchir : belle excuse, en vérité ... En fait, le cas serait alors plus
gravé encore.
On admettrait, en le déplorant, qu'un Etat raciste ait la triste franchise de réci ter son credo, mais voir un pays se disant foncièrement pacifique contraindre d'innocents bambins à chanter un
péan et un appel au meurtre, cela passe l'imagination.
Ne serait-il pas temps, grand temps, de mettre fin à une contradiction de pareil calibre? Les projets deMarseillaise "humanisée" et
"pacifiée" ne manquent pas depuis Victor Hugo et il en est d'excellents. La mélodie serait, elIe, évidemment conservée.
On serait d'ailleurs heureux de savoir combien il y a de par le monde d'hymnes nationaux osant faire de la guerre un idéal et du sang versé un quasi religieux sacrement. »
Bernard MOITESSIER, immense navigateur, dans "Tamata et l'alliance" (Arthaud, 1993) p 344
"C'était un vieux compte que je voulais régler avec "la Marseillaise". Dans une lettre adressée au chef de l'Etat, j'ai donné mon opinion sur ce chant guerrier qui porte aux nues l'orgueil et la
haine : "Le jour de gloire est arrivé ! L'étendard sanglant est levé ! Qu'un sang impur abreuve nos sillons !"
Deux siècles après la grande Révolution, c'est une nouvelle ère qu'il faut inventer, celle de la main généreuse tendue vers son prochain. Pour faire face aux défis du futur, notre monde inquiet a
besoin de valeurs "morales" , pas de canons ni de gros drapeaux. Et qu'on n'ait pas encore changé les paroles de cette "Marseillaise", dégoulinante de sang, me fait honte pour une France qui se
prétend le phare des autres peuples."
Professeur Claude OLIEVENSTEIN, médecin-chef de l'hôpital Marmottan.
" Pour moi, la Marseillaise reste l'hymne de la Révolution française, à laquelle s'identifient encore aujourd'hui des millions de personnes dans le monde. Elle est aussi le seul hymne qui m'ait
fait pleurer dans des circonstances graves ou bêtes, notamment lorsque j'ai vu ou revu le film Casablanca.
Il est vrai que certaines paroles sont archaïques et cruelles, et que nous pourrions les améliorer. Pourquoi ne pas organiser un grand concours dans les écoles (ce qui aurait le mérite de
sensibiliser les jeunes) pour trouver les mots les plus justes et les meilleurs, non seulement pour aujourd'hui, mais pour demain? "
Michel PLATINI, footballeur, Président de l'UEFA.
« Je n’ai jamais chanté La Marseillaise. Même si je trouvais que c’était le plus bel hymne du monde, et que je le fredonnais de temps en temps, je n’ai jamais pu me résoudre à le chanter
avant un match car c’est un chant guerrier et que pour moi, un match de foot, c’est un jeu et pas la guerre.
“Aux armes, citoyens!” : je n’arrivais pas à chanter ces paroles avant une rencontre. Mais ça ne veut pas dire pour autant que je n’étais pas fier d’entendre La Marseillaise. Ce n’est pas parce
qu’un joueur ne chante pas l’hymne national qu’il n’aime pas son pays. »
Bernard PONS, ancien ministre, député, secrétaire général du RPR
" Sans méconnaître l'esprit de votre démarche, je tiens à vous indiquer que, pour ma part, une telle éventualité (le changement de paroles) ne saurait être envisagée concernant l'hymne national
de la France. Ce chant, que nous avons hérité d'une grande période de notre histoire, constitue en effet à mes yeux un témoignage inaltérable de l'attachement de nos compatriotes à leur patrie et
de l'adhésion de tous à une haute idée de l'identité nationale. "
Alain REFALO, Résistance pédagogique (Libération, 30/12/09)
"Ce n'est pas l'étude en classe de la Marseillaise qui pose problème mais d’apprendre
aux élèves à la chanter comme un hymne sacré et immuable. Cela s’apparente à de l’embrigadement ! Il est essentiel de resituer ce chant dans son contexte guerrier, mais également de dénoncer tout
qui dans ce chant légitime la haine et la violence. C’est faire œuvre utile pour l’avenir que d’apprendre aux élèves à faire preuve de discernement et de pensée, tant vis-à-vis des paroles de la
Marseillaise que des lois de la République, comme le préconisait d’ailleurs le ministre de l’instruction publique Paul Bert, en 1882. C’est pourquoi je suggère que nous rendions un grand service
à la Nation en proposant aux élèves de réécrire certaines paroles de l’hymne national pour en faire véritablement un hymne à la fraternité. Car dans ce monde malade de la violence, c’est bien de
fraternité dont nous avons besoin.
Jean ROUAUD,
"...ce refrain pompier aux paroles dignes d'Al-Qaida ("qu'un sang impur abreuve nos sillons")"
Simone ROZES, Premier président honoraire de la cour de Cassation.
" La Marseillaise est un chant guerrier, appelant à la haine, à la lutte contre l'ennemi, destiné par ses images fortes - tyrannie, féroces soldats, égorger nos filles… - à entraîner le soldat
vers l'anéantissement des adversaires.
La musique est excellente. Bien rythmée, entraînante, elle se prête aux ensembles militaires, aux parades, aux cérémonies officielles. Les paroles devraient être modifiées, pour mettre en valeur
les principes à défendre : la patrie, bien sûr, mais aussi l'amitié entre les peuples et leur nécessaire solidarité dans le monde d'aujourd’hui. "
Joseph ROZIER, évêque de Poitiers, président national de Pax Christi :
" Je suis tout à fait d'accord pour un changement du texte de la Marseillaise, dont les paroles, quel que soit leur environnement historique, ont aujourd'hui un contenu, non seulement obsolète,
mais intolérable. Quand j’ai à m’associer au chant de la Marseillaise, je me contente, en conscience, d’un accompagnement de bouche fermée… J’apporte tout mon soutien, éventuellement ma
collaboration, au projet . "
Michel SERRES, philosophe
et académicien (dans les vendredis de la philosophie
du 9 mai 2008) :
« Ces paroles ignobles de la Marseillaise où on parle du sang impur des ennemis, qui est un mot d'un racisme tel qu'on devrait avoir honte de l'enseigner aux enfants. Quels que soient les
ennemis, qu'il aient un sang impur, c'est quand même d'un racisme, j'aurais honte de l'enseigner à mes étudiants, ils ont tous un sang pur et l'impureté du sang est quelque chose qui me fait
horreur. »
« Ce n'est pas seulement un imaginaire raciste, c'est une tradition qui a été si longue qu'elle a fondé beaucoup de traditions politiques, beaucoup de philosophies du
droit »
Edmond SCHWOB, grand rabbin de Nancy.
" Oui, j'approuve l'action menée pour une révision des paroles de la Marseillaise. Les mots "Qu'un sang impur abreuve nos sillons ! " sont en contradiction flagrante avec l'affirmation biblique
de l'unité du genre humain. Ils m'ont personnellement choqué depuis toujours et, heureusement, ne traduisent plus l'esprit du Français de ce temps.
Cela dit, n'oublions pas que nos valeurs les plus précieuses de Liberté, d'Egalité et de Fraternité, ne sont jamais acquises définitivement. Il importe que nous exaltions le souvenir de ceux qui
luttèrent jusqu'au sacrifice de leur vie pour une patrie qui est celle du droit. Dans l'ardeur du combat, des paroles excessives ont été sacralisées : comprenons-le, sans continuer de les
chanter. "
Philippe SEGUIN, ancien ministre, président de l'Assemblée Nationale et député-maire d'EpinaL
" Je comprends les raisons qui peuvent plaider en faveur d'une modification. Pour autant, mon souci d'authenticité l'emporte sur toute autre conviction. C'est sur ces paroles que nos ancêtres ont
exalté et défendu la liberté. Elles gardent donc à mes oreilles une signification qui vaut par le rappel implicite de leur contexte.
En chantant et en disant : " Aux armes, citoyens ", je n'appelle évidemment personne à prendre les armes. Je célèbre plutôt un culte à des principes et à leurs défenseurs en prononçant des
paroles qui ont une valeur quasi sacramentelle. Le prêtre n'est-il pas dans une situation analogue lorsqu'il prononce certaines formules transmises de siècle en siècle ? Pourquoi refuser au
citoyen ce qu'on lui accorde ? "
Bernard STASI, député de la Marne, maire d'Epernay.
" Je souhaite vivement que les paroles de la Marseillaise soient changées. En effet, l'hymne national d'un pays comme la France doit exprimer des sentiments de fraternité universelle et ne doit
pas être porteur d'un discours nationaliste, belliqueux et xénophobe, comme celui qui s'exprime à travers les couplets d'origine. "
Henri TISOT, comédien.
" Il serait peut-être opportun, en effet, de trouver pour la Marseillaise des paroles moins violentes et vindicatives. Quand on y pense, cela tombe sous le sens. Et puis on y repense, et on se
dit qu'il n'est pas du tout prouvé que cela serait pleinement satisfaisant. Tout bien pesé, je crois qu'il faudrait des paroles pour le temps de paix, et le texte que nous connaissons pour le
temps de guerre. N'oublions jamais que nos "compatriotes" sont le plus souvent tout, sauf "patriotes". Par conséquent, il est nécessaire que l'hymne national comporte des phrases fortes pour les
tirer de leur apathie naturelle.
Gilbert TRIGANO, président-directeur général du Club Méditerranée.
" Depuis ma plus tendre enfance, l'air de la Marseillaise m'émeut. Elle évoque toujours pour moi les récits de la guerre de mon père, la mort de mes oncles et " l'ennemi " d'hier.
Et pour être plus précis, je ne connaissais par cœur que le premier et les deux derniers couplets et, bien sûr, le refrain. La lecture de l'intégralité du texte me confirme qu'il ne représente
plus l'image de l'universalité de la France d'aujourd'hui et de demain.
C'est la raison pour laquelle j'ai aussi rejoint Monsieur l'Abbé Pierre, qui est pour moi l'Homme de tous les combats généreux et fondamentaux.
Un nouveau texte, respectant le passé et rempli d'espoir pour l'avenir, devrait s'inscrire dans une volonté commune de préparer l'avenir et d'en être les premiers artisans.
Notre tâche, à tous, est lourde et difficile dans un contexte, où hélas, on cherche plus à opposer qu'à unir. "
Simone VEIL, député au Parlement européen.
" J'ai le regret de vous faire savoir que je me sens tout a fait incapable d'exprimer un point de vue objectif sur notre hymne national. Il fait partie de ma mémoire et ma culture. Les paroles et
la musique n'ont, en fait, guère d'importance pour moi ; seules comptent, lorsque j'écoute la Marseillaise ou que je la chante avec d'autres, toutes les références aux occasions dans lesquelles
je l'ai entendue ou chantée dans le passé, depuis mon plus jeune âge.
C'est pourquoi je n'imagine pas de la modifier, même si les paroles ne correspondent plus à la situation présente et peuvent même paraître à certains malencontreuses. Un nouveau chant, aussi bien
soit-il, ne saurait avoir la charge émotionnelle que la Marseillaise a acquise du fait de ce qu'elle représente depuis deux siècles pour la France et des générations de Français. "
Paul-Emile VICTOR, explorateur.
" Je suis d'accord avec vous. Il faut garder la musique de la Marseillaise, qui est magnifique et connue dans le monde entier. Pour le texte, il faudrait une seule strophe : de belles paroles
pacifiques et qui aient une portée mondiale. La première initiative serait donc un concours pour cette strophe, pour ces paroles. "
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Ci-dessous un extrait de Culture et dépendances du 3 nov 2004 :
thème : "La République, otage des religions ?".
Franz-Olivier Giesbert pose à tous ses invités la question suivante pour clore l'émission :
- "Sur votre lancée, Nicolas Sarkozy, vous n'avez pas envie de vous attaquer à un autre pilier de la République, du modèle républicain, c'est-à-dire la Marseillaise. Il y a un vers dans la
Marseillaise : "Qu'un sang impur abreuve nos sillons !" Pensez- vous qu'il faut garder ce vers ?"
- Nicolas Sarkozy : vous trouvez que je n'ai pas assez d'ennuis, vous ?
- Père Ceyrac : J'aime beaucoup la Marseillaise mais je crois qu'il faudrait corriger cette phrase-là, oui. On ne peut plus dans un monde qui (?) mettre des choses comme ça.
- Dounia Bouzar :je suis tout à fait d'accord. Les jeunes disent que d'ailleurs ils seront considérés comme des citoyens comme les autres quand ils pourront justement revendiquer le changement de
ces paroles.
- Alain Minc : Il vaudrait mieux apprendre à la siffler. Ca éviterait les paroles.
Rires. "Oh ! Bravo Alain Minc"
- Alain Minc poursuit : Non, à la siffler au sens musical du terme...
- Marcel Gauchet : On ne réécrit pas l'histoire. On peut juger déphasé par rapport à nos sensibilités actuelles ce vers mais notre effort intellectuel doit être de le replacer dans son contexte,
de comprendre le sens qu'il pouvait avoir pour nos devanciers vis-à-vis duquel nous pouvons nous retrouver avec respect sans du tout partager les idées qui sont derrière ce vers malheureux.
- Nicolas Sarkozy : Qu'est-ce que dit Marcel Gauchet ? C'est qu'il ne faut pas avoir une lecture littérale des textes religieux et des textes républicains.
- FO Giesbert : Voilà, ce sera le mot de la fin.
Casse-tête français :
Il faudrait donc une nouvelle version, sans toucher à l'actuelle. D'où notre projet !
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(Plusieurs de ces avis sont extraits du livre de Jean Toulat :
"Pour une Marseillaise de la Fraternité", ed Axel NOEL, Paris, 1992)