Très bien 16%, Assez bien 48%, Assez mal 24%, Très mal 11%.
L'étude en a conclu : Deux français sur trois affirment connaitre les paroles de la Marseillaise.
Alors que nous avons contredit l'enthousiasme alors affiché à l'aide de quelques-uns des exemples ci-dessous, un préfet a dit à la tribune qu'il avait rarement vu un exemple aussi flagrant de manipulation, et un député l'a comparé au sketche de Pierre Dac et Francis Blanche « Connaissez-vous le n° de tel de monsieur ? Bravo, il le connaît !» sans aucune vérification.
D'après ce sondage, et plusieurs micro-trottoirs, il est en effet plus probable de conclure qu'environ 16% des français sont capables de réciter le premier couplet et le
refrain.
En questionnant plusieurs députés, Yann Barthes de Canal + n'en a même trouvé aucun qui les connaissait !
La Marseillaise est pourtant l'un des hymnes les plus connus au monde, sauf en
France !
Quand le français arrive à « arrivé », il s'arrête ! C'est normal, non ?
Ainsi, pour quelques-uns, Séphéro est un célèbre guerrier ennemi
("Entendez-vous dans nos campagnes, mugir Séphéro, ce soldat. ")
Posez la question autour de vous : Qu'y a-t-il après : "Formez vos
bataillons, marchons, marchons"?
Puis : Comment s'écrit et que signifie ce célèbre vers : " Qu'un sang impur
abreuve nos sillons " ?
Voici quelques résultats, auprès de jeunes ou parmi l'élite "cultivée" de la nation :
· Pour deux étudiantes, ce vers s'écrirait : " Quinze cent impurs. " ou " Qu'un sang gaimpur." ("gaimpur" serait un mot utilisé au 18ème siècle !)
· "Leur sang doit arroser le terrain pour que le match soit beau et viril" (Il s'agirait d'un hymne de sportifs, selon des enfants de 10 ans, et ce après l'avoir chanté en chorale devant un
ministre).
."Buvons le sang des ennemis" (un élève de 5ème, le seul de sa classe à connaître couplet et refrain)
. "Ils nous prennent de l'eau /ou nos provisions / ou le contrôle de notre territoire / ou la vie / Ils viennent laisser des traces sur notre territoire / Ils passent là où sont passés les français" (des lycéens de seconde)
· "Que le sang mêlé de sueur (donc impur) des soldats français inonde les rides
de leur front" (une pédiatre),
· "Il y a un traître dans l'armée et il le faut le tuer" ou "Un étranger vient se battre pour nos couleurs" (des lycéens de seconde)
· "Ils massacrent nos récoltes / leur sang détruit nos sillons / ils prennent l'eau pour que les récoltes ne marchent pas" (des collégiens de troisième)
. "C'est mauvais pour la terre française que ces gens-là rentrent en france, car leur sang est impur" (lycéen de seconde)
Deux interprétations possibles
pour cette phrase ?
"Que les soldats français versent leur sang pour la
patrie".
Ce sang serait " impur " parce que c'est le sang du peuple, par opposition au sang pur des nobles.
La seule référence pour cette interprétation
est la phrase de Gavroche, personnage célèbre du roman Les Misérables de Victor Hugo : "En avant les hommes ! qu’un sang impur inonde les sillons ! Je donne mes
jours pour la patrie, je ne reverrai plus ma concubine, n-i-ni, fini, oui, Nini ! mais c’est égal, vive la joie ! Battons-nous, crebleu ! j’en ai assez du despotisme." Les
Misérables, Cinquième partie, Livre I - Victor Hugo 1862. .
Selon
Wikipedia c'est une réinterprétation qui n'a aucune référence historique.
D'ailleurs les révolutionnaires n'auraient sûrement pas été galvanisés
par une vocation de martyr !
"Que coule le sang des ennemis dans nos champs"
Ce sang est impur parce qu'il est celui des ennemis de la nation (à l'époque
les royalistes au sang bleu), contrairement au sang rouge et pur des révolutionnaires !
Plusieurs sources semblent valider cette interprétation.
- Rouget de Lisle se serait inspiré de l'adresse à la nation
angloise de Claude-Rigobert Lefebvre de Beauvray, publié en 1757, et comprenant plusieurs expressions communes, et notamment, en parlant du sang des anglais :
"Va, pour s'entredétruire, armes tes bataillons, Et de ton sang impur abreuver tes sillons"
- L'expression "sang impur" n'avait pas de connotation raciale en 1792. Ce sang
impur était celui des complices de la " tyrannie ", des émigrés français et des royalistes étrangers qui les protégeaient.
Selon le Dictionnaire de l'Académie Française (Ed 1776) : " on dit qu'un homme est né d'un sang impur, pour dire qu'il est né de parents notés " (p 640, tome I) et " un homme noté " est un homme
" qui a une mauvaise réputation méritée par quelques fautes qui ont fait éclat " (p.152, tome II).
" Ce sang était-il si pur ? " était une formule employée pour minimiser les lynchages parisiens.
Aujourd'hui, le langage a évolué, et l'affirmation qu'il existe un "sang impur" dans un texte actuel pourrait être condamnée par la loi française, en tant que délit d'incitation au racisme.
- "Sur la version langue anglaise du site de l'Élysée (Présidence de la République Française: http://www.elysee.fr/elysee/anglais/the_symbols_of_the_republic/the_marseillaise/the_marseillaise.20352.html), une traduction officielle de l'hymne en anglais est proposee, qui suggere que l'interprétation habituelle est sinon la bonne, du moins celle que l'État français, probablement bien informé, et vigilant a faire respecter la vérité historique en cette matière, lui reconnaît:
To arms, oh citizens !
Form up in serried ranks !
March on, march on !
And drench our fields
With their tainted blood !
En effet, "With their tainted blood" signifie "Avec LEUR sang taché (ou entaché)", impliquant que c'est le sang de l'ennemi contre-révolutionnaire qui est versé. Si on notera l'euphémisme "tainted" à la place de "impure", je ne pense pas qu'il y ait de raisons de soupçonner que l'État français préférerait promouvoir de façon fallacieuse un sens très controversé, celui qui appelle à verser le "sang impur" de l'Autre, avec ses connotations racistes (certes anachroniques), au mépris du texte, quand la vérité du texte mettrait en fait en avant un acte de sacrifice glorieux pour la France, celui du résistant donnant son sang "impur" de roturier à sa terre chérie pour la fondation inaliénable d'une nation libre, égale et fraternelle. Mais il est toujours possible que les historiens de l'Élysée ou son équipe de traducteurs de haute volée, se soient tous trompés." (copie du site Wikipedia)
- Relisons Jean Jaurès, qui n'a aucun doute en commentant ce vers : "Propos abominable, car dès que les partis commencent à dire que le sang est impur qui coule dans les veines de leurs adversaires, ils se mettent à le répandre à flots et les révolutions deviennent des boucheries."
- L'impureté semble être un concept particulièrement employé à l'époque, comme l'indique cet extrait du livre "la pureté dangereuse" de Bernard-Henri Levy, qui considère l'obsession de la pureté comme le signe de toute idéologie extrémiste ou intégriste.
" Qu'est-ce qui ... décide de la Terreur et fait qu'un Saint-Just, encore modéré en 1790,... soit devenu ce tueur dont il a finalement laissé l'image ?
Réponse : la pureté, plus que jamais.
Brissot... Danton sont des hommes de compromis... résignés à cette part de l'homme fatalement mauvaise, immorale, pécheresse, impure.
Alors que quand St Just ... lance à l'Assemblée son fameux "Une nation ne se régénère que sur des monceaux de cadavres", l'important, à ses yeux, ... c'est la régénération : cette idée neuve d'un monde que l'on délivrera du mal, du péché, de l'immoralité - même s'il doit le payer au prix fort : celui de ces monceaux d'hommes convaincus, voire soupçonnés, d'impureté et à partir de là, cadavérisés.
... Ils deviennent fous, les incorruptibles, à l'instant très précis où cette idée de Pureté l'emporte sur toutes les autres, les envahit, les submerge.
Pauvre Robespierre qui, ... lorsqu'il s'adresse pour l'avant-dernière fois à l'assemblée qui va le trahir, menace encore les hommes impurs des foudres de sa pureté.
... à quelques heures de la chute, il se tourne vers le fameux Marais... et lance "C'est à vous, hommes purs, que je m'adresse..."
Tueur par pureté.
Tué quand sa propre volonté de pureté, devenue folle, finit par se retourner contre lui.
On ne comprend rien à cette Révolution française, rien à ce qui distingue sa ligne "droits de l'homme" de sa ligne "guillotine", rien, non plus, à la façon dont elle anticipe d'autres types de désastre (nazisme, communisme), si l'on ne prend la mesure du dégât qu'y fit la volonté de pureté."